On y va d’un billet double, aujourd’hui. Tout d’abord, parlons de cette exclusion de Twitter des salles d’audiences, qui fut annoncée aujourd’hui. Ensuite, un petit mot sur le décès de M. Rodolphe Morissette, une sommité du journalisme judiciaire.
Twitter: le système judiciaire confirme son retard social
Pas de Twitter dans les tribunaux du Québec. C’est ce qu’on affirmé au journal Le Soleil Robert Pigeon, juge en chef associé de la Cour supérieure du Québec, et Annie-Claude Bergeron, adjointe de direction de la Cour du Québec. La tolérance zéro sera appliquée à compter du 15 avril prochain.
Cette mesure existait déjà avant, en fait, mais l’utilisation de Twitter fut tolérée pour quelques procès, le temps d’un essai. Ainsi, plusieurs journalistes, notamment ceux et celles de Faits et Causes, se sont livré(e)s au gazouillage en direct, si vous me permettez cette traduction mot à mot, lors du procès et d’une audience en Cour d’appel dans le dossier de l’ex-juge Jacques Delisle ainsi que lors du procès de Rémy Couture. Seuls les avocat(e)s pourront continuer de prendre des notes ou de consulter des documents via leur téléphone, mais aucun oiseau bleu ne sera toléré sur leur écran.
Personnellement, cette restriction ne m’affecte pas vraiment, car je préfère suivre le procès que de gazouiller depuis la salle d’audience. Je gardais déjà mes commentaires virtuels pour les temps d’attente à l’extérieur. Mais si un comportement adéquat est adopté par l’utilisateur ou l’utilisatrice de Twitter dans la salle, où est le problème? Écrire, c’est discret, ça ne dérange personne. Ça ne risque pas non plus d’intimider qui que ce soit, contrairement à la prise d’images (pour laquelle je suis parfaitement en accord avec l’interdiction dans les salles d’audience). Quelqu’un dérange? Il y a toujours un ou plusieurs constables spéciaux qui supervisent les audiences, ils peuvent intervenir.
Et, bien franchement, le peu de retard qu’une intervention à voix haute des constables pourrait causer, en cas extrême, ce n’est rien comparé au niaisage et au manque de préparation dont font preuve plusieurs avocats et avocates ainsi qu’au retard dans le début même des journées de travail en salle.
Le système judiciaire doit faire un pas en avant vers un accès numérique à l’ensemble des documents de travail et archives, et ses décideurs en sont conscients. Laisser les professionnels et professionnelles de tous les milieux faire usage de leurs outils numériques en salle permettra d’instaurer une habitude de ce qui sera un jour le quotidien. Un jour, il sera même pertinent de laisser les journalistes travailler avec un ordinateur portable, au moins en salle de débordement (là où les gens assistent au procès par retransmission vidéo lorsque la salle d’audience est pleine). C’est ridicule de faire constamment un pas en arrière.
Le système judiciaire est vraiment socialement retardé.
Décès du journaliste Rodolphe Morissette
Voilà un nom que je ne connaissais pas avant aujourd’hui, petit jeune que je suis. Mais j’ai appris le décès de M. Rodolphe Morissette, qui fut une sommité dans le domaine du journalisme judiciaire. Stéphane Giroux, de CTV, affirme d’ailleurs sur Twitter qu’il « a joué un rôle important dans l’ouverture des tribunaux aux médias, parce que c’était encore pire avant. »
Je vous laisse lire cette entrevue avec M. Morissette qu’Isabelle Richer, journaliste à Radio-Canada, a signée sur le site de la FPJQ. Sa lecture m’a permis de faire connaissance un peu avec lui, une journée trop tard.