Pari gagné pour Emmanuel Dubourg. Après avoir quitté son poste de député de Viau à l’Assemblée nationale moins d’un an après sa réélection et affronté la controverse liée à sa prime de départ, M. Dubourg succède à Denis Coderre et occupe désormais le siège de député fédéral de Bourassa.
Photo: Pierre-Luc Daoust
Emmanuel Dubourg, accompagné par son chef Justin Trudeau, affichait un air triomphal en rencontrant ses partisans hier soir.
C’est avec un sourire triomphal que le comptable de profession s’est présenté devant ses partisans et partisanes réuni(e)s au Costa Del Mare. Lui et son chef, Justin Trudeau, se sont adressés aux gens sur une petite estrade placée au milieu de la salle. « Quelle belle soirée!« , a lancé sans hésiter M. Trudeau, se réjouissant des résultats de son parti dans chacune des circonscriptions en jeu. Le chef libéral profita de l’occasion pour souligner une victoire contre la politique négative. S’attaquant aux pancartes électorales critiquant le « club Privilège » installées par ses adversaires néo-démocrates dans Bourassa, M. Trudeau rappela la mémoire de l’ancien chef du NPD en affirmant que celui-ci « n’est plus le parti d’espoir et d’optimisme de Jack Layton, mais est devenu le parti mesquin de Thomas Mulcair. Emmanuel Dubourg le suiva au micro pour remercier ses électeurs et électrices, prenant le temps de les saluer dans beaucoup de langues.
En plus de quelques personnalités du Parti Libéral, notamment Pablo Rodriguez, on nota la présence du maire de l’arrondissement de Montréal-Nord, Gilles Deguire, et de la conseillère de ville du district de Marie-Clarac, Chantal Rossi, deux élu(e)s faisant aujourd’hui partie de l’équipe municipale de Denis Coderre.
Du côté du Bloc Québécois, la déception était palpable. Alors que les bénévoles rangeaient leur local électoral après la soirée, le candidat Daniel Duranleau s’est affairé à retirer, seul, quelques une de ses pancartes dans les alentours immédiats. Sur son profil Facebook, ce matin, M. Duranleau se félicita pour le caractère positif de sa campagne. Soulignant que « les gens de Montréal-Nord ont vu beaucoup de visages de politiciens ces dernières semaines« , il laissa entendre un désaffichage rapide. « À moins d’un mois de Noël, je laisse la place à un autre gros barbu! conclua-t-il sur une note humoristique.
Des chefs évalués
Cette série d’élections partielles constituait un test pour plusieurs chefs de partis. Justin Trudeau est celui qui conclut ces campagnes électorales avec la note la plus positive. Chef d’un parti qui a comme fâcheuse habitude de manger ses chefs sur la place publique, il a réaffirmé son leadership en améliorant la performance du parti partout. Thomas Mulcair et Daniel Paillé auront, quant à eux, du travail à faire pour rassurer leur base suite aux reculs subis dans Bourassa, mais aussi dans Brandon-Souris pour M. Mulcair. Stephen Harper termine grand perdant de cette course: des reculs partout. Alors qu’il continue de se débattre dans les scandales entourant le sénat, les rumeurs sur son départ avant les prochaines élections générales pourraient s’en trouver nourries.
Photo: Pierre-Luc Daoust
Le chef libéral Justin Trudeau
Dans Bourassa, les Libéraux devaient montrer que la circonscription est leur château fort et non pas seulement celui du nouveau maire. Une mission accomplie, alors que le parti a ramené sa performance près de la majorité absolue après le « maigre » 40% obtenu en 2011 par un Denis Coderre talonné par la vague orange. Le NPD, quant à lui, cherchait à prouver que la vague orange continuait sa progression. Or, sa candidate Stéphane Moraille a obtenu un appui légèrement inférieur à celui obtenu par sa prédécesseure Julie Demers en 2011 (31,4% contre 32,28%). Le Bloc Québécois a lui aussi reculé, passant de 16,06% à 13%.
Ailleurs au Canada, le parti de Justin Trudeau a améliorer son résultat dans chacune des circonscriptions en jeu hier. Dans Toronto-Centre, l’ancien fief de Bob Rae, la candidate libérale a raflé 49,1% des voix, alors que M. Rae avait séduit 41,01% de son électorat en 2011. Les Conservateurs, quant à eux, y ont vu leur appui fondre de 22,64% à 8,7%.
Dans Provencher, au Manitoba, les Conservateurs ont conservé le siège, mais avec un appui de 58,1%, contre 70,6% en 2011. Les Libéraux y ont augmenté leur résultat de 6,71% à 29,9%. Dans Brandon-Souris, en Colombie-Britannique, tout en remportant à nouveau la circonscription, les Conservateurs ont perdu près de 20% d’appuis de l’électorat. En effet, le nouveau député conservateur Larry Maguire a gagné son siège avec 44,1% des voix, alors que son prédécesseur Merv Tweed, aujourd’hui président de la compagnie ferroviaire OmniTRAX Canada, avait obtenu la faveur de 63,73% de ses concitoyens et concitoyennes. De leur côté, les Libéraux ont talonné le vainqueur avec 42,7% des voix, contre seulement 5,36% en 2011. Le NPD a aussi perdu des plumes dans cette circonscription: après avoir amassé 25,18% des voix en 2011, ils ont dû se contenter de 7,4% hier.
Les chiffres
Taux de participation: 18 663 votes sur 69 527 inscriptions (26,84%)
Bulletins rejetés: 295 (1,58%)
N.B.: Les pourcentages présentés ci-dessous peuvent différer de ceux publiés par Élections Canada et de ceux que vous avez lu plus tôt dans ce texte. J’ai choisi de les recalculer en considérant qu’un bulletin de vote rejeté peut être le fait d’un choix réfléchi d’annuler son vote.
- Emmanuel Dubourg (Parti Libéral): 8 825 votes (47,29%)
- Stéphane Moraille (Nouveau Parti Démocratique): 5 766 votes (30,90%)
- Daniel Duranleau (Bloc Québécois): 2 387 votes (12,79%)
- Rida Mahmoud (Parti Conservateur): 852 votes (4,57%)
- Danny Polifroni (Parti Vert): 368 votes (1,97%)
- Serge Lavoie (Parti Rhinocéros): 140 votes (0,75%)