« Vous avez le droit à un avocat si vous êtes riche, si vous être très pauvre ou si Denis Poitras ne fait pas faillite. » – un policier fictif lisant des droits Miranda fictifs
Comme vous l’avez peut-être vu dans l’actualité des dernières semaines, l’avocat Denis Poitras a perdu son droit de pratique suite à une faillite personnelle. Me Poitras est connu comme étant l’avocat des militant(e)s de la région de Montréal, très souvent bénévolement, donnant ainsi un sens à l’expression « Vous avez droit à un avocat » pour toutes ces personnes écartées par l’aide juridique.
C’est Revenu Québec qui a initié la démarche pour mettre le juriste en faillite personnelle. Ce dernier doit au percepteur public 287 000$ en impôts, TPS et TVQ, montant dont une portion importante est composée d’intérêts et de pénalités. Revenu Québec lui reproche également d’avoir omis de remplir sa déclaration de revenus depuis plusieurs années. Dans un vidéo présenté sur le site web de la campagne de financement visant à le soutenir, Denis Poitras explique que ses faibles revenus l’empêchaient de payer les taxes de ventes liées à ses services et que la quantité de clients qu’il défend lui donne tellement de travail qu’il n’a pas le temps de remplir toute sa paperasse fiscale.
Je crois à l’importance de bien déclarer ses revenus. Même plus équitable, un régime fiscal a besoin d’informations justes sur le revenu de chacun et chacune. Je vois donc évidemment comme une erreur le fait pour Denis Poitras de ne pas avoir déclaré ses revenus. Il faut savoir s’organiser pour avoir le temps de le faire, quitte à prendre un dossier en moins si besoin est. Mais j’ai choisi de contribuer à la campagne de financement malgré cela.
Car à côté de cette négligence, erreur de laquelle je ne peux que souhaiter qu’il ait appris, sa feuille de route de bonnes actions s’allonge sur des kilomètres. Si je suis convaincu de l’importance de déclarer honnêtement ses revenus, je crois aussi, et encore plus, que tous et toutes doivent avoir droit à un avocat lorsque nécessaire. Entre les seuils d’accessibilité à l’aide juridique beaucoup trop restrictifs et les honoraires prohibitifs des avocats et avocates, le dévouement de Denis Poitras devient synonyme d’accès à la justice pour ces multiples centaines de manifestants et manifestantes qui ne demandent qu’à être outillé(e)s à armes égales face au Procureur. Je suis un des chanceux qui n’a jamais eu besoin de ses services, plusieurs fois de justesse. Mais que ce soit durant mon passage dans le mouvement étudiant ou lors de ma couverture d’événements militants en tant que membre des médias indépendants, j’étais rassuré par sa présence au bout du fil, au bout du 289-9995 que je me suis si souvent écris sur le bras. Une bouée de sauvetage juridique était là si je tombais à l’eau. Voilà pourquoi j’ai contribué à la campagne de financement.
Vous avez le droit à un avocat, disent les forces de l’ordre lors d’une arrestation. Cette phrase ne doit pas se laisser vider de son sens. L’accès à la justice a besoin de Denis Poitras. Donnons.