La campagne électorale est en marche. Celle-ci se joint donc aux Olympiques pour toujours mieux nous donner une écoeurantite aigüe des journaux et des bulletins de nouvelles.
Pour le personnel des médias et les pigistes, toutefois, c’est une manne. Dans le contexte où les employeurs rivalisent d’imagination pour couper l’offre de travail, et en pleine saison creuse que sont les vacances d’été, ce sera une bouffée d’oxygène sur laquelle personne ne crachera.
Mais voici que ce matin, un parti politique, en l’occurrence Québec solidaire, a annoncé aux médias par voie de communiqué qu’il leur donnerait accès librement à une banque d’images régulièrement maintenue. Même si je suis loin de vivre de la photographie, laissez-moi vous dire que ça enrage.
Ça enrage, mais aussi ça surprend, car il s’agit de Québec solidaire, un parti qui lutte contre les abus patronaux et qui a fait preuve d’une solidarité sans faille envers les lock-outé(e)s du Journal de Montréal lors du conflit qui s’est étiré pendant plus de deux ans. Rappelons que ce qui a permis à Quebecor de proposer autant de suppressions de postes et d’en imposer une bonne partie dans un conflit de travail au rapport de force complètement déséquilibré, c’est la convergence, mais c’est aussi cette facilité qu’ont les médias à se faire donner plein de contenu tout cuit dans le bec. Si le parti de gauche ne peut évidemment pas contrôler ce que ses militants et militantes font des photos qu’ils et elles prennent, une certaine cohérence venant de l’organisation du parti aurait été de mise.
Je conclue en lançant un appel à tous les partis. Ne cédez pas à la tentation de faire tourner dans les médias des images favorables. Gardez à l’esprit que des travailleurs et des travailleuses mangent et se logent grâce au travail de photographie qu’offrent les médias. Jouer le jeu de ceux-ci, c’est pousser plus de photographes vers la précarité et encourager de nouveaux conflits de travail.
Et personne ne veut ça.