La violence et la cible complètement ratée

Aujourd’hui, je souhaite m’entretenir avec vous au sujet d’une certaine réalité rencontrée dans les manifestations. Ici, peut-être ailleurs aussi, je ne sais pas. Je parle de cette méfiance, et parfois de cette violence, que certain(e)s manifestant(e)s expriment à l’endroit des médias. Peu importe leur portée, peu importe leur propriétaire. Ça fait quelques temps déjà que je veux m’exprimer là-dessus, et un incident survenu aujourd’hui au blocus de la Tour de la Bourse me pousse à me lancer dans le sujet.

Je vais aborder le sujet à la fois avec mon chapeau d’ancien participant actif du mouvement étudiant, et à la fois avec celui de photographe indépendant. Et au diable le bris d’objectivité qui pourrait transparaitre de ce texte. Faut que les choses soient dites.

Pour décrire les faits rapidement, des manifestant(e)s, je dirais une dizaine, ont encerclé la télé-journaliste de TVA Véronique Prince et son caméraman en scandant « Québécor ment » à répétition. Au bout d’un moment, un caméraman de Radio-Canada (je crois) est allé les aider en forçant les dits manifestants à s’éloigner et en tentant d’en raisonner quelques uns, sans succès. Un attroupement se créa, d’autres personnes s’en mêlèrent de chaque côté, et il s’en suivit une brève échafourrée plutôt violente durant laquelle la police, bien présente à proximité, n’a pas levé le petit doigt pour essayer de calmer les esprits.

Il est impossible de ne pas comprendre la méfiance des manifestant(e)s quand un(e) journaliste de l’empire Péladeau s’avance pour couvrir leur événement. Cette entreprise a maintes fois suscité la colère avec ses articles et ses titres totalement subjectifs, réducteurs et sans aucune nuance. Vous rappelez-vous de « Pot, alcool, grabuge »? Ou, récemment, ce « Et quoi encore? » en pleine une, en parlant des revendications des éducatrices des CPE. Solution choisie pour pallier à ce problème, donc, on intimide la journaliste et son caméraman. On s’attaque aux travailleurs et travailleuses plutôt qu’à l’employeur; après tout, ces gens sont plus facile d’accès.

Si vous vous sentez visé(e) par ce texte, lisez bien, comprenez bien:

ÇA NE DONNE STRICTEMENT RIEN.

Pourquoi? Une réponse pour chacun de mes chapeaux.

Tout d’abord, sur un plan stratégique, vous venez de mettre une journaliste en beau fusil contre vous, « vous » risquant d’être émotivement défini comme l’ensemble des manifestant(e)s. Quand elle parlera à nouveau de cette manif, ou d’une autre sur un thème similaire, elle pourrait avoir beaucoup moins de sympathie à opposer à une exigence de son employeur de ramasser vos revendications. Une envie de vengeance pourrait même se glisser dans son topo. Je tiens à insister sur le caractère conditionnel de mes deux dernières phrases, je ne la connais pas. Mais il est clair que vous n’avez pas aidé votre cause et que vous venez de détruire beaucoup de travail de communication réalisé par vos porte-paroles auprès des médias. Au final, vous venez de faciliter de beaucoup le traitement éditorial pékapiste de l’événement. Bravo. Sincèrement. Ou pas.

Mais aussi, sur un plan humain… merde, vous avez encerclé et intimidé une travailleuse! Une travailleuse qui gagne sa croûte dans les conditions de merde imposées par l’empire et qui n’a rien d’une bourgeoise millionnaire qui profite personnellement de la couverture pékapiste. Ai-je besoin d’en rajouter? Vous criez à la violence et à l’intimidation policière, et tout de suite après vous servez un traitement du même genre à quelqu’un d’autre? Sib…oulette!

Je me rappelle la grève de 2005, votre comportement était la source de bien des frustrations. La grève de 2012 commence à peine. Il est temps de vous ajuster.

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