Les étudiants du Cégep de Maisonneuve en grève

Tel que convenu par les membres de la Société générale des étudiantes et des étudiants du Collège de Maisonneuve (SOGÉÉCOM), l’association étudiante du collège, le 26 octobre dernier lors d’une assemblée générale, une grève étudiante a eu lieu aujourd’hui au Collège de Maisonneuve. En quel honneur, me demanderez-vous? Par opposition au projet du conseil d’administration du collège de réorganiser certains services aux étudiants dans un objectif de rentabilité.

Le projet en question

En effet, la direction du collège a pour projet de prendre des services aux étudiants et les mettre sous la gestion du service des finances. Entres autres, la bibliothèque et la cafétéria sont visés. Je ne crois pas vous apprendre quoi que ce soit en vous disant que lorsqu’un service est motivé par la recherche du profit, sa qualité et son accessibilité en sont grandement affectées, et certainement pas pour le mieux. Les étudiants perdent également de la visibilité au sein des décisions de la direction du collège, complètement déconnectée de la réalité.

Lors de l’assemblée de grève, plusieurs personnes voulaient connaître le point de vue de la direction sur le sujet. Pourtant, l’exécutif de la SOGÉÉCOM a à plusieurs reprises rencontré les membres de l’administration du collège, mais ces derniers sont toujours demeurés très avares de commentaires et d’informations à ce sujet. D’ailleurs, ils ont été invités à venir défendre leur vision devant les membres de la SOGÉÉCOM, invitation qu’ils se sont volontièrement fourré dans le cul. Qui ne dit mot conscent, dit-on…

Mais comment les étudiants connaîtront-ils directement les effets de ce projet? Voici des exemples.

Au Collège de Maisonneuve, la cafétéria est laissée en sous-traitance à Coca-Cola, qui doit payer un montant pour opérer dans les lieux du collège. Supposons que le collège souhaite obtenir davantage d’argent VIA la cafétéria. Il n’a qu’à augmenter le montant que doit verser la compagnie sous-traitante. Mais chez Coca-Cola, on n’est pas fou, on ne va pas se laisser retirer des profits comme ça. On va contester l’augmentation, car elle forcera une augmentation des tarifs aux étudiants. … … M’avez-vous cru? Si oui, récitez 3 fois la prière de votre choix. Non, bien sûr, on ne se battra pas, on enverra tout bonnement la facture aux étudiants, ou, devrais-je dire, aux clients, qui verront leur repas coûter plus cher qu’avant. Disons que les prix sont augmentés de 25¢ sur chaque produit (je prend un chiffre au hasard). Pffff, 25¢, c’est rien, me diront certains. Mais pour ceux qui prennent un plat, un jus et un dessert, ça fait 75¢ de plus. Ça ne parait pas, mais ça monte vite. Et rien ne dit que les prix n’augmenteraient pas ainsi de façon régulière.

Pensez aux cartes d’autobus. Lorsqu’elles ont augmenté une première fois de prix, c’était une augmentation quelque peu négligeable, les gens ne se sont pas méfiés. Regardez aujourd’hui, la carte mensuelle a pratiquement doublé de prix en 10 ans, et c’est juste aujourd’hui que les gens se posent des questions. Pensez également aux amendes des bibliothèques publiques. À 25¢ par jour par livre, ça semble minime; pourtant, quand vous atteignez 7 ou 8$ d’amende, vous semblez assez pressé de remettre vos livres, tout d’un coup…

De plus, un autre problème se pose. Coca-Cola est-elle obligée de vous montrer ses calculs pour savoir combien de plus par produit elle doit aller chercher pour compenser cette perte? Pourquoi ne pas en profiter pour aller se chercher un profit additionnel, alors?

Je ne parle que de la cafétéria, mais le principe est appliquable à n’importe quoi. Si, à la bibliothèque du collège, on augmente les amendes? Ou si on restreint l’accès aux ordinateurs, en chargeant, ou en les retirant tout simplement aux étudiants, pour ainsi mettre la hache dans les techniciens? Qu’en pensez-vous?

La grève

Donc, revenons-en à la grève en elle-même. Un accord a préalablement été conclu, pour faire en sorte que le piquetage ne soit que symbolique, et donc pour ne pas que les grévistes empêchent quiconque d’entrer l’édifice, ce qui était d’abord prévu. Les cours ont quand même été levés, il restait les concierges et certains cours aux adultes. En échange, la direction remettra, lundi, une copie des documents du projet controversé aux membres de la SOGÉÉCOM, et brisera donc son silence.

Le piquetage m’a assez déçu, dois-je dire. On était environ 40, sur près de 5600 étudiants… La direction aura tout le plaisir de nous rire au visage. Il y a toutefois d’autres moyens qui arrivent à grands pas; la grève n’était qu’un début. Je parlerai de ces moyens au fur et à mesure qu’ils arriveront (après tout, on veut prendre la direction par surprise ).

Des banderoles ont ensuite été peintes et seront accrochées un peu partout dans les endroits très fréquentés du collège.

La journée s’est terminée au Cégep du Vieux-Montréal, où les membres de la SOGÉÉCOM ont prêté main forte aux membres de l’Association générale étudiante du Collège du Vieux-Montréal (AGECVM) pour mobiliser les étudiants à une marche pour protester contre les coupures de 103 millions de dollars effectuées par le gouvernement Charest dans l’aide financière aux études (j’y reviendrai sans doute dans un prochain texte). La SOGÉÉCOM remercie ainsi l’AGECVM d’être venue mobiliser les étudiants du Collège de Maisonneuve à ce sujet, alors que la SOGÉÉCOM était déjà bien occupée avec le dossier de la réorganisation interne.