L’industrie du disque veut-elle vraiment se relever?

L’industrie du disque, regroupant les majors comme EMI, Universal Music, Sony-BMG et Warner Group Music, dĂ©fendue entre autres par la Recording Industry Association of America (RIAA) et l’Association de l’industrie canadienne de l’enregistrement (AICE), mène actuellement une vĂ©ritable campagne de peur auprès des internautes. En effet, la RIAA et d’autres organisations semblables Ă  travers le monde attaquent en justice de façon rĂ©gulière des utilisateurs de rĂ©seaux pair-Ă -pair (P2P) qui ont Ă©tĂ© pris Ă  partager et tĂ©lĂ©charger illĂ©galement un grand nombre de fichiers musicaux protĂ©gĂ©s par des droits d’auteur. L’AICE et la SociĂ©tĂ© civile des producteurs phonographiques (SCPP), en France, ainsi que d’autres associations similaires, tentent de suivre les traces de la RIAA mais attendent toujours, dans leur pays respectif, un avis favorable de la Cour pour forcer les fournisseurs d’accès Internet (FAI) Ă  rĂ©vĂ©ler l’identitĂ© des prĂ©sumĂ©s coupables. L’industrie espère ainsi permettre Ă  son produit de voir ses ventes remonter, elle qui accuse le piratage des Mp3 d’ĂŞtre la cause première de la chute considĂ©rable des ventes de disques.

«La RIAA, l’association reprĂ©sentant les plus grandes maisons de disques amĂ©ricaines, s’est rĂ©joui de constater que l’achalandage des rĂ©seaux d’Ă©changes P2P a diminuĂ© depuis la première vague de poursuites. Elle rĂ©cidive donc pour une troisième fois, en impliquant encore une fois des personnes inoffensives. En plus de ces 41 nouvelles personnes, on compte 90 autres internautes qui seraient en attente de procĂ©dure.» 1

«La Recording Industry Association of America (RIAA), qui estime que le piratage est l’une des principales raisons de la baisse du marchĂ© du disque compact depuis trois ans, a dĂ©clarĂ© avoir engagĂ© cinq procĂ©dures distinctes contre 531 utilisateurs de rĂ©seaux d’Ă©change de fichiers, mais elle n’a pas rĂ©vĂ©lĂ© les noms de leurs fournisseurs d’accès Ă  internet.» 2

«Nicolas Sarkozy, Renaud Donnedieu de Vabres et Patrick Devedjian ont rĂ©uni jeudi Ă  Bercy une table ronde sur la «piraterie sur internet» pour «dĂ©gager rapidement des mesures pragmatiques» pour lutter contre ce problème, qui affecte en particulier l’industrie du disque, du cinĂ©ma, du jeu vidĂ©o et du logiciel.» 3

«À partir des systèmes P2P, les utilisateurs se partagent tout Ă  fait lĂ©galement des chansons au format Windows Media Audio protĂ©gĂ©s par un DRM nouveau, appelĂ© Weed. Ces fichiers Weed permettent au consommateur de musique d’Ă©couter une chanson tĂ©lĂ©chargĂ©e gratuitement jusqu’Ă  trois fois. Lorsque cette limite est dĂ©passĂ©e, le fichier Weed est bloquĂ© en lecture, et ne peut ĂŞtre dĂ©verrouillĂ© qu’après avoir achetĂ© une licence pour la chanson en question, soit une valeur approximative de 1$. (…) Suite aux pressions exercĂ©es par (la RIAA), la compagnie israĂ©lienne dĂ©tentrice du logiciel iMesh distribuera bientĂ´t des fichiers Weed dans son rĂ©seau.» 4

L’industrie gâche ses propres efforts

Avant de commencer les prochains chapitres, je tiens Ă  prĂ©ciser ma position quant au piratage des Mp3, malgrĂ© que ce ne soit pas de ça dont je veux traĂ®ter. Je suis pour l’utilisation de rĂ©seaux P2P lorsque c’est pour dĂ©couvrir de nouvelles chansons ou de nouveaux artistes. Cependant, j’ai comme mentalitĂ© que l’artiste a travaillĂ© pour produire ce que l’on Ă©coute, et qu’il doit gagner sa vie. Donc, si j’apprĂ©cie sa musique, je l’encourage, et je vais acheter son album en magasin ou ses chansons sur un site de tĂ©lĂ©chargement payant.

L’industrie musicale montre de gros efforts pour arriver Ă  ses fins. Cependant, en lisant l’actualitĂ© du milieu, je me suis rapidement aperçu que les majors ratent de grosses occasions de promouvoir leur objectif. Ou quand ce ne sont pas les majors qui font des erreurs, ce sont leurs amis, Ă  savoir entre autres les gros disquaires les services de ventes de chansons en ligne, qui font de faux pas. Accidentellement ou par exprès, c’est une question Ă  laquelle il est difficile de rĂ©pondre sans en dĂ©battre longuement.

Le corporatisme

Mon premier point porte sur le corporatisme exercĂ© par certaines compagnies fabricantes de baladeurs Mp3 et certains vendeurs de chansons en ligne. Ces derniers ne font pas partie de l’industrie du disque en tant que telle, mais doivent se plier aux interventions des majors s’ils ne veulent pas se retrouver commercialement dĂ©savantagĂ©s. Et l’industrie n’intervient pas pour modĂ©rer ce corporastisme, qui est très nĂ©faste Ă  la sensibilisation populaire.

Il faut savoir que bien que certains formats de compression utilisĂ©s par ces vendeurs soient des standards, comme le Mp3, un système de protection baptisĂ© Digital Rights Management (DRM) est implantĂ© dans les chansons vendues en ligne. Ce système sert notament Ă  faire en sorte que la chanson aie besoin d’une licence pour jouer. Cette license est tĂ©lĂ©chargĂ©e lorsqu’on Ă©coute la chanson pour la première fois et est stockĂ©e sur l’ordinateur. La chanson trouvera ensuite la licence Ă  chaque Ă©coute. De cette façon, si on rend une chanson protĂ©gĂ©e disponible sur un rĂ©seau P2P, ceux qui tĂ©lĂ©chargeront la chanson sans l’acheter ne pourront l’Ă©couter, car ils n’auront pas tĂ©lĂ©chargĂ© la licence. Également, le DRM permet de restreindre le nombre de gravure sur CD par chanson.

Jusqu’ici, ça peut s’avĂ©rer chiant pour certaines personnes mais c’est encore correct. Le problème vient de la prochaine utilisation du DRM que je vais vous expliquer. Le DRM permet de restreindre une chanson Ă  ne pas ĂŞtre Ă©coutables sur n’importe quel baladeur Mp3. Des exemple pour vous aider Ă  comprendre. Les services de vente de chansons en ligne appartiennent Ă  de grosses compagnies, qui parfois fabriquent Ă©galement des lecteurs Mp3. Je pense ici Ă  iTunes, de Apple, et Connect, de Sony. Or, Apple ajuste le système DRM utilisĂ© sur iTunes pour que seuls les baladeurs Mp3 de Apple, en l’occurrence les iPod, soient en mesure de lire les chansons, encodĂ©es ici au format AAC. De mĂŞme, Sony donne aux chansons vendues sur Connect, compressĂ©es ici au format Atrac, technologie possĂ©dĂ©e par Sony, la possibilitĂ© de n’ĂŞtre lues que sur les baladeurs fabriquĂ©s par Sony. D’ailleurs, sur ces lecteurs, mis Ă  part les chansons des services en ligne concernĂ©s, seuls des Mp3 sans DRM peuvent fonctionner sur ces lecteurs, donc toute chanson achetĂ©e ailleurs est incompatible. Real a dĂ©veloppĂ© une technologie permettant de rendre ses chansons compatibles avec tous les lecteurs, Apple et Sony compris, mais Apple rĂ©agit fermement devant cette initiative.

Ce corporatisme peut devenir encore plus dangereux. Qu’arriverait-il si un service en ligne, pratiquant ou non la technique prĂ©cĂ©demment dĂ©montrĂ©e, s’entendait avec une maison de disque pour avoir l’exclusivitĂ© sur tel ou tel artiste? Par exemple, imaginez que Real Network annonçait qu’il s’Ă©tait entendu avec Warner Group Music et que le prochain album de Linkin Park ne serait disponible en tĂ©lĂ©chargement que sur Real Rhapsody. Bien entendu, il serait toujours disponible en magasin sous forme de disque, mais tous ceux qui favorisent l’achat en ligne seraient obligĂ©s de passer par Real Rhapsody, qui serait ainsi libre de gonfler un peu le prix. Maintenant, imaginez que ce soit Apple, au lieu que Real Network, qui annonce cette mĂŞme dĂ©cision. Donc, les chansons de l’album de Linkin Park ne seraient disponible que sur iTunes, mais en plus, ces chansons ne seraient transportables que sur un iPod. J’imagine dĂ©jĂ  certains d’entre vous me rĂ©pondre que c’est totalement absurde et irrĂ©aliste, que ce genre d’association n’arrivera jamais. En effet, ça n’existe pas encore, mais de lĂ  Ă  dire jamais, en ĂŞtes-vous si sĂ»r? N’oubliez pas que Sony est co-propriĂ©taire d’un des majors du disque, soit Sony-BMG…

Pour conclure ce chapitre, je vais dire ce que beaucoup d’entre vous feriez face Ă  ce genre de prise d’otage, et vous ne seriez vraiment pas les seuls. La majoritĂ© de la population ferait la mĂŞme chose: S’en remettre au piratage sur les rĂ©seaux P2P. HĂ© voilĂ , de beaux efforts gâchĂ©s par les intĂ©rĂŞts capitalistes d’hommes d’affaires du milieu.

Écoutez vos Mp3 partout… transportez-les… mais n’en tĂ©lĂ©chargez surtout pas!

Je parle de lecteurs Mp3, et ça me fait penser… L’industrie veut que les gens cessent de tĂ©lĂ©charger. Mais regardez tous ces produits allĂ©chants qui ne font que tenter le diable qui se cache au fond de chacun de nous! Graveurs de disques de plus en plus rapides, disques vierges pouvant contenir de plus en plus de musique, lecteurs de disques Mp3, lecteurs Mp3 avec mĂ©moire qui ne cesse d’augmenter, etc. Et le tout Ă  des prix des plus abordables!

Pas de publicité sur les réseaux P2P

«L’industrie phonographique a “blacklistĂ©

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